« Proposer une bonne alimentation au plus grand nombre est tout simplement inscrit au plus profond de notre identité » : Patrick Petitpas, Directeur Général de Perle du Nord

Patrick Petitpas, Directeur Général de Perle du Nord, pouvez-vous nous présenter Perle du Nord

Perle du Nord est composé de cinq coopératives agricoles qui regroupent environ 300 producteurs de fruits et légumes des Hauts-de- France, dont 120 producteurs d’endives.

Ces cinq coopératives ont un objectif commun : s’associer pour mutualiser leurs forces autour d’une marque renommée et s’adapter aux besoins des consommateurs, en investissant pour l’amélioration de la qualité et le développement d’innovations.

A la fin des années 2000, la filière de production de l’endive était en grande difficulté. A l’époque, les coopératives et leurs bureaux de vente se livraient une guerre commerciale fratricide pour les parts de marché au détriment de la valorisation.

C’est à cette période qu’Hugues Moilet, producteur d’endive et actuel Président de Perle du Nord, fait la rencontre de Christophe Levyfve, dirigeant du groupe de communication BECOMING ; ces deux entrepreneurs partagent la même vision de la filière.

Ils décident alors de conjuguer leurs efforts pour mettre en place une organisation originale qui rassemble des coopératives et des sociétés commerciales de typologies très différentes.

Ces différents acteurs ont un point commun : la marque Perle du Nord. C’est autour de cette marque que va alors se construire un projet d’organisation de la filière.

L’objectif partagé est simple : recréer de la valeur économique pour redonner de la rentabilité à la filière de production et susciter de l’attractivité pour l’installation des jeunes.

Pour cela le projet consiste à fédérer toutes les parties prenantes autour d’une politique commerciale cohérente doublée d’une nouvelle dynamique orientée marché : segmentation, vente à la pièce,… en s’appuyant sur une communication étroite et permanente entre production et commerce afin d’être toujours au plus proche des attentes du marché.

Tout cela a été largement facilité par la marque Perle du Nord qui est notre facteur distinctif sur le marché et qui nous permet d’innover au niveau marketing avec de nouvelles offres.

Après ces dix premières années, nous pouvons prétendre aujourd’hui avoir atteint l’objectif, mais l’équilibre du marché reste fragile et nous ne devons à aucun moment baisser la garde.

Perle du Nord est membre de la Communauté Pour nourrir demain, quelle est votre stratégie pour notre mission commune « d’une meilleure alimentation au plus grand nombre » ?

La marque Perle du Nord existe depuis 1983. Elle a toujours eu le souci de la qualité et de la satisfaction du consommateur. Proposer une bonne alimentation au plus grand nombre est tout simplement inscrit au plus profond de notre identité.

Mais nous devons reconnaître qu’au lancement de notre projet, en 2009, nos enjeux étaient plus d’assurer notre survie économique que de développer une stratégie sociétale.

La nouvelle organisation portant dorénavant ses fruits, nous pouvons maintenant réfléchir à la façon d’aborder ces sujets.

Ce qui est essentiel dans notre démarche d’amélioration est de la construire avec nos producteurs. Nous sommes certains que la réussite de cette démarche passera par leur implication.

Et pour cela nous tenons à les laisser s’exprimer sur ces sujets complexes : les questions sociétales, les questions agroécologiques et environnementales,… Ensuite nous pourrons, à partir de ce socle, définir une vision partagée et nourrir notre stratégie avec d’autres acteurs internes et externes.

Cependant, sans nous en rendre vraiment compte, une grande partie de notre approche est déjà emprunte de préoccupations RSE depuis de nombreuses années.

J’ai parlé de notre souci permanent de la satisfaction des consommateurs ; deux exemples concrets illustrent cette préoccupation :

  • le développement d’une gamme de jeunes pousses plus gustatives
  • et la réduction de la taille des unités de vente pour répondre aux remarques de consommateurs qui se plaignaient de gaspiller une partie de la marchandise dans un sachet d’un kilo

Mais je pourrais aussi ajouter que notre modèle économique entre pleinement dans ces valeurs de respects des parties prenante. Il est en effet totalement centré sur la redistribution de valeurs aux producteurs.

Tout ce qui est fait, tout ce qui est réfléchit, tout ce qui est raisonné, l’est toujours en se demandant quel sens cela a pour nos producteurs à court, moyen et long terme.

Nous avons également initié des actions comme l’adhésion à Demain la terre afin de nous inspirer des bonnes pratiques avec des acteurs qui ont une démarche d’amélioration continue.

Je peux enfin citer, plus récemment, le remplacement de la totalité de nos barquettes en plastique par des barquettes en carton.

A titre personnel, pouvez-vous nous citer des sociétés (alimentaire ou non) qui sont des références en termes de politique RSE ?

Difficile de répondre à cette question car je ne connais pas le fond des démarches de ces acteurs et j’ai l’impression que c’est, très souvent, plus une stratégie de communication que de réelles transformations profondes.

Cela va souvent très vite en terme de communication et c’est donc difficile de faire la différence entre la sincérité et l’opportunisme !